Invités par Mgr Dumas, nous partons cette fois au village d’Anse-à-Veau. Le voyage devait, à l’origine, se faire dans un hélicoptère de l’armée italienne, mais pour une raison quelconque il n’ont permis qu’à l’évêque et un accompagnateur d’embarquer. L’évêque se rend premièrement à Miragoâne pour une distribution de nourriture en collaboration avec Caritas.
Commence donc un long trajet de 5 heures en jeep pour la statue pèlerine et ses accompagnants. Sortant de l’aéroport, nous passons par un marché où l’insalubrité du lieu ferait peur à n’importe qui.
La moitié du trajet consiste à sortir de la ville. Une fois sortie, la prochaine ville importante est Miragoâne. La misère est toujours impressionnante. Lorsque les gens ne vivent pas dans les tentes, ils vivent dans de simples huttes, sans eau courante. Le chemin est apocalyptique. Pour se rendre à destination, Anse-à-Veau, nous devons traverser trois rivières… qui n’ont pas de ponts! Ces rivières servent aussi de lieu pour la lessive et l’hygiène personnelle.
C’est vendredi de carême, au long du chemin à l’entrée du village, les gens ont monté des autels avec ce qu’ils ont de plus beau en matière de tissus blanc. Nous entrons en passant sous un portique surmonté d’un grand « bienvenue ».
L’église, dédiée à sainte Anne en 1721 est cathédrale depuis la formation du nouveau diocèse en 2008. Elle est imposante, mais pauvre et délabrée. Décorée avec bon goût, elle rappelle un peu la situation de la population locale : pauvre mais digne.
Après le dîner, les adolescents de la paroisse sont réunis dans l’église. M. l’abbé David, un Français originaire de Lorraine fait sonner les cloches pour une messe improvisée. Le changement de programme est une constante à laquelle il faut s’habituer lorsque vous êtes en Haïti.
La messe est animée par une chorale et un ensemble musical dont la qualité et le talent surprennent malgré des instruments qui font vraiment pitié. Un antiquaire n’oserait même pas offrir de si vieux instruments aux yeux de ses clients.
Par la suite, nous montons dans les véhicules et nous nous dirigeons à un kilomètre de l’entrée de la ville. La grâce et la foi des gens feront de ce chemin de croix l’apogée de cette mission.
La croix, portée par son Exc. Mgr Dumas est suivie de la statue pèlerine qui est elle portée par les jeunes paroissiens. Au tout début, ce sont des garçons qui la portent, à la fin ce seront les jeunes filles; grande, pieuse et forte. Elles surprennent par leur force de volonté qui surpasse de loin celle des porteurs précédents. Encore un signe de cette grande foi qui anime la population locale.
Plus les stations avancent, plus se font nombreux les fidèles. A la fin, lorsque nous atteignons l’église dans la noirceur, la grande église de 800 places sera remplie.
« Combien de temps restez-vous? » Demande en créole une petite fille. Après lui avoir indiqué que nous partons le soir même elle réplique qu’il est tard, il nous faudrait rester. Attristée, elle demande : « Mais vous allez revenir? ».
– « Il faut demander à Mgr Dumas! ».
– « Revenez en juillet pour la fête de sainte Anne! »
Le curé de la paroisse et l’évêque adressent d’émotionnantes paroles de remerciements pour cette mission des Hérauts du Canada et de République Dominicaine. Ils demandent, au nom des jeunes gens de la paroisse, que les Hérauts leurs envoient éventuellement des professeurs de musique pour leur enseigner la musique selon le style « Hérauts ».
Jusqu’au moment de partir, une troupe d’enfants reste jusqu’à notre départ. Mgr Dumas nous a expliqué qu’ici les enfants sont encore très innocents et il y a véritablement une promesse de future qu’il cherche à encourager. « Ici se trouve l’avenir de l’Église d’Haïti », dit-il, « l’innocence n’a pas été défigurée par le matérialisme du monde moderne ».
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